jeudi 10 février 2011

Be creative !



Tous les cours à Middlebury on ce coté génial que j'apprends pas seulement des profs mais aussi des élèves. Pas question d'amphi, de prof sur une estrade, de cours magistraux, pas question de bailler, de regarder l'heure (les cours ne durent qu'une heure de toute façon), de se planquer derrière le grand type devant, on est en cercle, et on parle. 


Aujourd'hui, c'était Creative Writing. On avait du écrire un texte sur un objet de notre chambre, dire ce qu'il dit de nous et ce qu'il représente pour nous.
Autant vous dire que la nuit a été carrément courte !

On est assis en cercle, dans une salle dont la large baie vitrée donne sur la montagne qui, à cette heure, devient violette.

Le prof est souriant, barbu, énergique, et son intelligence se lit partout, dans ses lunettes, dans ses mains, dans ce qu'il raconte. C'est un peu le père Fouras en vrai et en plus beau quand même, et moins vieux.


il nous a lu  "Poets to come", de Whitman : 



"Poètes à venir! orateurs, chanteurs, musiciens à venir!
Ce n’est pas aujourd’hui à me justifier et répondre qui je suis,
Mais vous, une nouvelle génération, pure, puissante, continentale,
plus grande qu’on ait jamais vu, Levez-vous! Car vous devez me justifier.
Moi, je n’écris qu’un ou deux mots indicatifs pour l’avenir;
Moi, j’avance un instant et seulement pour tourner et courir arrière dans les ténèbres.
Je suis un homme qui flânant le long, sans bien s’arrêter, tourne par
hasard un regard vers vous et puis se détourne.
Vous laissant le soin de l’examiner et de le définir,
En attendant de vous le principal."
Walt Whitman, Feuilles d’herbes (Traduction de Jules Laforgue)
Et puis chacun a lu son texte, et personne ne haussait le sourcil.
Here is mine ! Premier devoir en anglais ! Just for you Sara W ! 
"A friendship may start with little things.
Same names, same hair, same gray sweater. She is American, I’m French, I was her mentor, two days after I was her friend. End of story. 
We were in Paris, in a bar called Casa del campo. A warm purple Sangria bar with hams suspended from the ceiling. I always dream of stealing them. 
At this point of the story, I had just been accepted at Middlebury, but I could not help imagining myself barefoot at Roissy, waiting for the agents to verify that I was nothing but a student.
And Sara kept reassuring me. Yes, yes, everything will go well, you will see… Smile at customs, pull in your stomach, wear a nice shirt, stand up straight. 
I asked her to show me what an American dollar looks like. 
She waved the green bill in the air…We had this completely useless discussion about the lack of bills before 5 euros. 
This is the great side of friendship ! We can talk about subjects completely empty of intelligence, as ridiculous as vacuums, and it becomes the topic of the year ! It was a real debate that, frankly, red wine was not helping to take off.
I asked the waiter for a pen. He handed me a huge green promotional thing. 
Sara said that it was against the law to sign the bill. It was "state property”, or something like that. 
And she gave me the dollar.  My first american dollar. I folded it in my wallet.
A week later, I was on the plane. By the window there was nothing but white marshmallow.
I was thinking about the few days I had spent at my parents'. I did not have much else to do other than watch the seagulls pass over the skylight. The birds had returned to earth in search of food because the winter had almost frozen the sea. I was used to the sharp seizing wind on the beach, the same white and heavy foam in the water, the same Pink Floyd album in my father's vinyl player. I always find these things with the immediate apprehension to leave them.
I was hungry. 
I took out the 1 dollar bill. The flight attendant, encased in a blue skirt, eyes underlined with a thick line of eyeliner, refused it. The dollar was wearing a kind of signature : « ton clone ». Your clone. 
A big dizziness came over me, a ball of cotton swelled in my throat. 
I suddenly realized that it was the end of flat landscapes. I was on my way to the continent where buildings, coca-colas and cowboy hats are so great that a brain does not even have enough room to imagine them…I'm sure I had a dumb smile on my face.
That dollar is the only item I brought from France. And it is American.
I hung it on my wall, I think it just tells me every morning : « You’re in USA ! » 

mercredi 9 février 2011

« I’m straight »

Un cours :

Gender Studies/ introduction to gay and lesbian studies.

La salle est vaste, circulaire, un écran blanc est déroulé derrière le prof,  la quinzaine d’élèves forme un cercle souriant et décontracté. Certains ont les pieds sur le fauteuil, d’autre les coudes sur la table, le bloc-note sur les genoux.. Il y a cet immense blond qui est dans une chorale, toujours riant, cette petite brune qui dansait génialement à la soirée Square Dance, et quelques têtes nouvelles. Le prof est R. Graf, un homme jeune au menton bordé d’une fine barbe blonde.
Je l'ai croise une heure plus tôt parlant russe comme une cheerleader chante un vieux tube de Britney Spears (sans le moindre petit bégaiement d'hésitation).

Le cours a commencé par une présentation de chacun des étudiants. La première à la droite du prof, une petite brune aux cheveux emmêles sur un pull en jacquart violet  a commencé : « I' m gay ».
Et chacun des élèves de commencer sa présentation par « I’m straight but ….» « I ‘m gay and ..»
Et de donner des raisons d’être là avec une sincérité à faire sourire Oscar Wilde, ma copine a quatre mamans, j’ai grandi dans une ville homophobe, mon adolescence en tant qu’homosexuel était terrible, j’ai adoré le dernier séminaire.
J’ai simplement dit que les Gender Studies n’existent presque pas en France, et donné le sujet de mon mémoire.

Et le cours n’a été qu’une suite de suprises.
On a eu droit à un documentaire de 1967 « The homosexuals » tourné à l’époque à laquelle l’homosexualité était considérée comme une maladie, due à une mère trop dominatrice, trop présente, trop écrasante (seule présence féminine du documentaire d’ailleurs, la mère castratrice), ou à un crime, le seul homosexuel interrogé est caché derrière une espèce de plante d'intérieur.
Et on y parle d’un milieu underground, et la façon dont c’est montré ne dit pas:  la société cache les homosexuels mais… les homosexuels se cachent tout seul. C'est flippant. D'autant que le prof nous a expliqué qu'au départ le document devait présenter des homosexuels parlant de leur homosexualité mais que les autorités l'ont interdit. Donc place aux gardiens du corps et de l'esprit : La police et les psychanalystes.

Vous saviez que la loi anti-sodomie du Texas n’a été levée que le 26 juin 2003 ?

Moi je savais pas.

Et j'aime de plus en plus la décontraction des étudiants et des profs américains.


Mercredi on regarde un truc qui s'appelle "But I'm a cheerleader !"
 J'ai peur...

lundi 7 février 2011

SuperBowl !

Hier soir, sur le campus, vers 19h, tout était silencieux, sombre. les quelques rares personnes que l'on pouvait croiser courraient et se précipitaient vers le salon le plus proche.
*
Georges, un grand type barbu, toujours souriant, qui étudie la religion et l'informatique m'avait laissé un petit mot sur l' ardoise de ma porte de chambre :
Footbal (dessin de ballon de rugby)
6 pm
Downstairs

Au sous-sol du château, dans une salle t-v, une dizaine d'étudiants avaient les yeux rivés sur l'écran et m'ont gentiment invité à les rejoindre en me proposant un peu d'un plat qu'ils avaient sauvé pour moi, une espèce de mélange de légumes vachement épicé et vachement bon à manger avec des tacos, et quelques cookies.
Ils m'ont rapidement expliqué les règles, j'ai rien compris, mais je pense que ça ressemble fort au rugby, une bande jaune dans laquelle il faut plaquer le ballon, des types qui se frappent partout même pour se dire merci ou bien joué, des cuisses en acier, un ballon ovale et un espèce de but de quidditch carré à chaque extrémités du terrain.
jusqu'ici tout va bien

Le jeu dure quatre heures, et je voyais pas bien comment c'était possible. Deux minutes après j'avais compris. Toutes les deux minutes le jeu s'arrête et laisse place à une plage de publicités. Quand ma roomate, Emily, m'a expliqué que beaucoup d'américains ne regardent le superbowl que pour les pubs, et pour le show d'entracte, j'ai pas vraiment compris le délire. Et puis les pubs sont arrivées. Et les pubs sont dingues.
Voici ma préférée.




Et puis le show d'entracte est arrivé. Les blacks eyed peas, encadrés de centaines de danseurs, peut-être de milliers en fait, des danseurs qui dessinaient un coeur lumineux, ou entouraient la scène dans des mouvements répétitifs et ondulants, et Fergie qui était.... mauvaise.
Ils ont fait un espèce de Medley de leurs succès et de chansons d'autres types, et c'était vraiment drôle en fait ! Et démesuré. Bien sur.
je me suis dit que là, les américains pouvaient pas plus me surprendre...
C'était sans compter sur le fil d'acier qui est decendu de je ne sais quel plafond du stade et a déposé sur la scène... Usher hyper à fond et je peux vous dire que les étudiants ont éclaté de rire. Désolée pour les fans.

Après ça, j'ai décidé que j'en avais assez et je suis allée à la présentation des chorales à la chapelle, en fait la moitié du campus y était. Parce que c'est vachement bien. Vous voyez Glee ? Pareil.

La suite demain !

dimanche 6 février 2011

Demain l'ecole



C`est la fin de l`Orientation week,

La fin d`une semaine pendant laquelle trois phrases règnent :

"I don`t think we have met yet

"Where do you come from ?

" What courses did you take ?



En première année, les étudiants choisissent quatre cours et croisent les doigts pour être admis dans les quatre, sinon, il faut changer...



Ça donne des emplois du temps avec "Maths, Geography, Environnemental studies and Creative Writing", ou des cours de sports, de bio, de français de chinois, d'espagnol...

Et c'est vachement bien parce que du coup ils sont tous "very excited about it".

Pour choisir leurs cours les étudiants ont un site ou les profs sont notes : MiddKid. Impossible de choisir un cours ennuyeux ou inutile. Ce genre de trucs serait surement pas possible en France, et ça se comprend, mais vu le fric déboursé dans une année ici, ca a son cote légitime.

Enfin voila, fin de cette semaine pleine d'activités dirigées par des "febleaders" parfois surexcites et sur déguises et sur souriants et sur...sympas...

Certains étudiants arrivants soupçonnaient le college d'encadrer autant les étudiants pour éviter qu`ils se la collent pendant cette semaine. Hier une d`entre elles m'a confie avoir hâte  que l`orientation se termine parce qu`ils se sentent comme des enfants a la garderie. Mais personne ne crache sur le ski gratuit, et cette semaine aura au moins permis a tout le monde de connaître tout le monde.



Le campus se remplit, les étudiants commencent a avoir plus de 19 ans, la bibliothèque va trouver son public dans quelques heures maintenant. Ça parle de cours dans les couloirs des dorms, dans le dinning hall, on sent que les vacances sont finies, souterrainement un leger stress vibre et envoie les étudiants acheter leurs cahiers et leurs crayons dans le shop du college ouvert en cette veille de rentrées...



La bibliotheque va retrouver ses heures normales : (Petit rappel : AM = du matin PM = de l'apres-midi)


Mon.-Thur., 7:30 AM – 1 AM
Fri., 7:30 AM – 11 PM
Sat., 9 AM – 11 PM
Sun., 9 AM – 1 AM



Je vous laisse, j'ai cours demain !