mardi 8 mars 2011

Le silence de ces espaces infinis et blablabla...

Les écureuils me font flipper.
Ces rats des villes avec une queue un peu plus longue essaient tout le temps de faire des staring contests avec moi quand je descends les sentiers. La neige, c'était marrant et joli jusqu'à ce qu'elle bousille mes nouvelles bottes noires achetées avant mon départ :"Vous ne trouverez pas de chaussures plus Waterproofs"  a dit le vendeur...

Je veux entendre des coups de klaxons, je veux être à Châtelet, dans les longs Escalators, entourées d'étudiants nerveux et de business women, tu te sens presque planer. Ici je traverse la route, je passe devant quelques bouleaux décharnés et je suis en classe. J'ai besoin d'une cigarette sur le balcon, en regardant les lumières de la ville qui empêchent la nuit de dévorer le ciel. Je veux m'asseoir sur une chaise en fer, en face d'une large rue, goûter un café brûlant et amer, et regarder les parisiens courir. je veux voir les mecs qui serrent leur cravate ou zippent leur braguette en pensant que personne les verra. Et les femmes, la main serrée sur leur sac, qui échangeront leurs baskets supersoniques contre des talons superchics avant de pousser la porte de leurs bureaux.

En marchant sur la dentelle de glace au bord du fossé, je me dis que j'aurais mieux fait de rester dans ma chambre. Mes joues sont sèches, j'enfonce mes doigts rouge et enflés dans mes poches. Je passe devant un saule pleureur, il est presque mort et n'a même plus de feuilles pour pleurer ! Des traces de pas marquent la poudreuses à ma gauche. C'est un sentier très fin dans la grande étendue lisse et blanche. Sous la neige qui grince, c'est sûrement tout vert, brillant, juteux, gorgé d'eau. Je sais que je devrais arrêter de râler à propos du fait de vivre dans une carte postale. Mon sentier se courbe doucement, il mène vers un petit bois, mais en faisant un détour vers nulle part... On t'as jamais appris que le chemin le plus court pour aller d'un point A à un point B c'est la droite ou quoi ?

Je vais pas marcher une heure de plus dans la neige chamallow. Je veux m'abriter du vent derrière les arbres cadavériques. Je quitte les empreintes. Quelques joncs ont jaillit de la glace, ça ressemble à des barbe à papa grises et blanches. Je comprends pourquoi les pas se sont courbés ! je peux voir le sol transparent se fendre sous mes pieds, doucement. Je dois me faire légère pour rester à la surface de l'eau, et avec tous les Bagels que je m'enfile c'est pas gagné. Je ne lève plus les pieds, parce que je vois pas de Leonardo Di Caprioau loin pour me sauver si je tombe.

Après quatre longues glissades j'entre dans le petit bois. Les arbres sont froid, leur écorce pèle, de grands rouleaux de peau râpeuse roulent depuis leur cime. C'est vert, je m'arrête, c'est calme. Le tronc noueux d'un chêne se courbe, je m'y assied. De fines rayures jaunes coupent la neige, le soleil se déverse sur les feuilles et les épines gris métallique. Je crache mon chewing-gum et je sors de mon sac une pomme volée au dinning hall. Mes incisives coupent la peau dans un craquement sonore et s'enfonce dans la chair juteuse. Ça mousse, c'est amer. Je ferme la bouche pour mieux laisser un peu la forêt faire ses propres bruits. La neige comme de la laine de verre étouffe tous les sons mais  je peux les entendre parce que maintenant j'en ai envie.

Un claquement léger et régulier résonne dans le silence, un sifflement aigu, suivi par un bruit de crécelle vient de derrière une branche, je lève les yeux, c'est un minuscule oiseau au ventre jaune, un moineau, une mésange, j'en sais rien, tout sauf un pigeon en tout cas. Faut que je retrouve ce chewing-gum.

Sur la route du retour je peux voir le clocher du campus. Je devine déjà le grondement du dinning-hall, et ça me secoue les poumons.  Une barrière électrique grésille. Elle est complètement inutile, les pâtures sont vides, le seul truc que les vaches ont laissé c'est une odeur amère. Derrière les maisons qui ont toutes l'air d'avoir été construites par Charles Ingalls, le soleil embrasse la montagne. il l'enveloppe de sa chaleur violette. La glace devient un immense sorbet à la violette, les arbres sont "painted in black", le ciel est en feu, un immense incendie rose. C'est pas la mer, il n'y a même pas l'espoir d'un rayon vert, mais c'est vachement, vachement beau.

Un grand coup de klaxon résonne, je me retourne juste à temps. Je suis au milieu de la route, un gros camion rouge chargé de bûches me dépasse. Je le déteste pour avoir sali la neige. Le bout de ma semelle éclabousse dans la boue du bord de la route. Comme une chanson d'enfance dont je pourrais à peine me souvenir l'écho du chant de l'oiseau qui n'est pas un pigeon ne s'arrête pas. Je ferme un peu les yeux pour faire revenir toutes les couleurs de la montagne mais c'est trop tard, elles sont déjà parties.

Je m'arrête devant le panneau bleu "Middlebury College", retour au Campus. Je suis contente d'être ici. Devant lui, un écureuil est au garde à vous, je jure qu'il m'a fait un clin d'oeil.

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